À la Découverte de la Cathédrale Saint-Michel de Rikitea, patrimoine de la Polynésie FrançaiseTemps de lecture 3 min

Un joyau d’histoire et de foi au cœur de l’archipel des Gambier

Cathédrale Saint-Michel de Rikitea au milieu de la végétation en 2014

Dans l’immensité de l’océan Pacifique, au sein de l’archipel des Gambier, se dresse un monument d’une importance historique et religieuse exceptionnelle : la Cathédrale Saint-Michel de Rikitea, la plus grande cathédrale de Polynésie française. À travers ses murs centenaires, elle raconte une histoire de foi, d’évangélisation et de transformation.

Une Histoire de Foi et de Construction

La construction de la Cathédrale Saint-Michel a débuté sous la houlette des missionnaires de Picpus en janvier 1839 et s’est achevée en août 1841. Cette période de construction a été marquée par une foi inébranlable et une collaboration entre les missionnaires et la communauté locale.

Le 15 août 1841, jour de l’Assomption, la cathédrale a été dédicacée, devenant ainsi un lieu de culte central pour la population locale nouvellement convertie. Ses deux tours emblématiques ont été ajoutées entre 1843 et 1858, ajoutant une dimension majestueuse à cet édifice religieux.

En 2010, la cathédrale a été soumise à une restauration complète, préservant ainsi son héritage historique. Le 3 décembre 2011, elle a été bénie par Mgr Charles Daniel Balvo, renouant avec son rôle spirituel dans la communauté locale.

Un Trésor d’Architecture et d’Artisanat

La Cathédrale Saint-Michel est un exemple fascinant de l’ingéniosité architecturale et artisanale qui a marqué son édification. Elle incarne la fusion des techniques de construction occidentales et polynésiennes, utilisant des matériaux locaux pour créer un lieu de culte unique en son genre.

La voûte de la cathédrale est réalisée à partir de trois nappes de bambous cueillis dans les montagnes, entrelacées et attachées avec de la chaux de corail. Cette voûte est suspendue à une charpente en bois d’uru (arbre à pain) grâce à un système de ligature en fibre de coco.

Les 18 colonnes en pierres de corail taillées supportent cette voûte tissée en roseaux, recouverte de chaux, et reposent sur une solide charpente en bois d’uru, reliée par du nape (bourre de cocotier tressée). La couverture est constituée de feuilles de cocotiers et de pandanus, ajoutant une touche exotique à l’ensemble. L’intérieur de la cathédrale est orné de magnifiques décorations en nacre de l’archipel.

La Cathédrale Saint-Michel de Rikitea en 2012 après sa restauration - Tahiti Héritage
La Cathédrale Saint-Michel de Rikitea en 2012 après sa restauration - Tahiti Héritage

Témoignage d’une Conversion Religieuse

La cathédrale Saint-Michel occupe un emplacement chargé d’histoire. Elle a été érigée à l’emplacement de l’ancien temple des idoles, connu sous le nom d'”are tapere”, qui avait été utilisé comme église provisoire dès 1835. Cette transformation symbolise le passage de l’ancienne croyance aux nouveaux enseignements chrétiens, marquant ainsi un changement profond dans l’ordre religieux et politique de ces îles du Pacifique.

Un Monument de l’Évangélisation

Rikitea, l’île principale de l’archipel des Gambier, est le berceau du catholicisme dans le Pacifique sud. En moins de deux ans après l’arrivée des missionnaires picpuciens en 1834, l’île est passée du culte des tikis et des idoles ancestrales à la vénération de la Vierge et des saints. Le Père Cyprien, qui avait créé le couvent de Rouru sur les hauteurs de Rikitea, qualifiait l’édifice de « cathédrale de l’Océanie » en 1841.

Une Renaissance Récente

En 2005, la cathédrale Saint-Michel a fermé ses portes pour subir une restauration majeure. En 2009, elle a été rouverte au public, marquant un nouveau chapitre dans son histoire. L’architecte des bâtiments historiques de France, Pierre-Antoine Gilbert, et Dominique Touzeau, architecte DPLG à Tahiti, ont été les artisans de cette restauration exceptionnelle.

La Cathédrale Saint-Michel de Rikitea est bien plus qu’un monument architectural ; elle est un témoin vivant de la foi, de l’ingéniosité humaine et de l’histoire riche de la Polynésie française. Elle continue d’attirer des visiteurs du monde entier, désireux de découvrir ce trésor caché au cœur du Pacifique.

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