Bobby Holcomb : Une Icône de la Musique et de la Culture en PolynésieTemps de lecture 8 min

Une légende multiculturelle

La statue de Bobby en bronze par l'artiste Evrard Chaussoy

Bobby Holcomb, de son nom complet Robert Thomas Holcomb, est une figure emblématique de la musique et de la culture polynésiennes. Né à Honolulu, Hawaï, en 1947, il a marqué de son empreinte les scènes artistiques en Polynésie française et au-delà. Doué dans divers domaines artistiques, Bobby Holcomb s’est illustré en tant que danseur, peintre, chanteur et compositeur, laissant derrière lui un héritage culturel riche et varié.

Un Parcours Artistique Exceptionnel

Le parcours artistique de Bobby Holcomb est remarquable par sa diversité et son talent. Il a évolué aux États-Unis aux côtés de grandes personnalités artistiques telles que Frank Zappa, en Europe aux côtés de Salvador Dalí, et a collaboré avec des groupes pop français tels que Zig Zag Community et Johane of Arch. Son sens inné de la créativité lui a permis de s’exprimer avec force et originalité dans chacun de ces domaines artistiques.

L’Arrivée en Polynésie Française

Bobby Holcomb a posé ses valises en Polynésie française en 1976. Attiré par la beauté et la culture de cette région du Pacifique, il a choisi de s’installer dans le village de Maeva à Huahine. Sa présence en Polynésie marque le début d’une nouvelle ère artistique et culturelle pour cette région.

Engagement dans la Renaissance Culturelle

À son arrivée en Polynésie, Bobby Holcomb s’est profondément investi dans la renaissance culturelle du peuple Maohi. Il a rejoint le groupe “pupu Arioi”, un collectif d’intellectuels polynésiens inspiré par les mouvements culturels des années 1960. Aux côtés de personnalités telles qu’Henri Hiro, Rigobert Temanupaiura, John Mairai, Coco Hotahota, Vaihere et Heipua Bordes, Bobby a apporté sa créativité dans le domaine de la danse, de la peinture, de la musique, et de la poésie.

Un Héros Culturel

Le mouvement de renaissance culturelle auquel Bobby Holcomb a participé était une véritable révolution culturelle. Il visait à redonner aux Polynésiens la fierté de leur identité Ma’ohi, leur langue, leur savoir-faire, leur agriculture, leur spiritualité, tout en dénonçant les effets de la colonisation française, les essais nucléaires et l’évangélisation. En 1988, Bobby Holcomb a été élu “homme de l’année”, un hommage à son rôle majeur dans la préservation et la promotion de la culture polynésienne.

La statue de Bobby en bronze par l’artiste Evrard Chaussoy
Par Evrard Chaussoy — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=118163924

La Musique Engagée de Bobby Holcomb

L’une des raisons du succès musical de Bobby Holcomb réside dans sa capacité à mélanger le reggae avec les mélodies tahitiennes, en chantant dans les langues polynésiennes. Mais ce qui a véritablement fait de lui une icône, c’est sa musique engagée. Ses chansons véhiculaient des messages importants sur l’environnement, l’amour du prochain, le mode de vie mā’ohi et le respect des dieux ancestraux. Par sa musique, Bobby a sensibilisé et éduqué les générations sur des questions cruciales, laissant un héritage musical et spirituel durable.

Un Héritage Inestimable

Bobby Holcomb nous a quittés en 1991 à Huahine, mais son héritage artistique et culturel perdure. Sa contribution à la renaissance culturelle de la Polynésie française reste inestimable, et sa musique continue d’inspirer les artistes et de toucher les cœurs. Bobby Holcomb demeure une figure emblématique de la musique polynésienne, un défenseur de la culture Ma’ohi et un artiste dont l’influence transcende les frontières de la Polynésie.

Ainsi, Bobby Holcomb demeure à jamais gravé dans l’histoire culturelle de la Polynésie française et reste une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures.

L’épopée de Bobby Holcomb Jr

La vie de Robert Thomas Holcomb, plus connu sous le nom de Bobby, est une épopée qui débute le 25 septembre 1947, dans la magnifique Honolulu, Hawaï. C’est là que naît Robert Holcomb Jr., fruit de l’union improbable entre un père militaire métis afro-américain-amérindien originaire de Géorgie, du nom de Robert Holcomb, et une mère hawaïenne, Alika Correa, d’ascendance portugaise et espagnole.

La destinée de Bobby prend un tournant à l’âge de 11 ans lorsque sa mère, écartelée par la vie, le confie à une famille d’accueil en Californie. C’est là que commence son apprentissage à l’American School of Dance de Los Angeles, à proximité du bouillonnant ghetto de Watts.

Mais le destin de Bobby n’était pas de rester en Californie. À la fin de l’année 1966, il atterrit à San Francisco, une ville vibrante d’énergie créatrice. C’est là qu’il fait la rencontre de Simon Henderson, un événement qui allait changer le cours de sa vie. Ensemble, ils décident de partir à l’aventure en Europe en 1969. Pour échapper aux autorités américaines, Bobby adopte alors l’identité de Stanley Clark Kindred.

En 1974, leur périple les conduit jusqu’à Íos, où ils font la connaissance de Kim Dios, surnommée Kimi. Les trois âmes errantes décident de poursuivre leur voyage ensemble, à travers la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan et l’Inde.

Le tournant décisif de cette odyssée survient en février 1976, lorsqu’ils embarquent tous les trois à Gênes pour prendre le chemin de la Polynésie. Bobby Holcomb, l’artiste polymorphe, doté d’un talent pour la danse, la peinture, le chant et la composition musicale, s’apprête à entamer une nouvelle phase de sa vie, une phase qui marquera indéniablement l’histoire de la Polynésie française.

Arrivé à Tahiti en 1976, Bobby décide rapidement de s’établir dans le paisible village de Maeva, sur l’île d’Huahine. C’est ici que se révèlera sa véritable vocation, son engagement profond dans la renaissance culturelle du peuple Maohi. Il devient un membre actif du “pupu Arioi”, un groupe de troubadours et d’intellectuels polynésiens inspiré par le mouvement de 1968. Avec des personnalités telles qu’Henri Hiro, Rigobert Temanupaiura, John Mairai, Coco Hotahota, Vaihere et Heipua Bordes, Bobby se lance dans une révolution culturelle visant à réaffirmer l’identité Ma’ohi, sa langue, son savoir-faire, son agriculture, sa spiritualité, et à dénoncer les injustices de la colonisation française, les essais nucléaires et l’évangélisation.

Ce parcours unique dans la vie de Bobby culmine avec son élection comme “homme de l’année 1988”. Cependant, les derniers moments de sa vie furent empreints de douleur. À la fin de l’année 1990, Bobby, affaibli et souffrant de terribles douleurs au cou, décide de consulter un médecin à Papeete, la capitale de la Polynésie, lors d’une soirée de gala. En pleine pandémie de sida et en tant qu’homme ouvertement homosexuel, les préjugés erronés sur sa séropositivité ne tardent pas à s’intensifier dès son admission. Les médecins lui délivrent un diagnostic implacable : un cancer des vertèbres incurable.

Pris en charge par Dorothy Levy, qui préfère d’abord cacher la gravité de sa maladie, Bobby retourne chez lui à Maeva. Dans une période où l’opium est la seule forme de soulagement, il reçoit et répond aux appels de ses amis, tous informés par Dorothy de sa situation. Déshydraté et affaibli, il est finalement conduit au dispensaire de Fare, où il s’éteint paisiblement le soir du 15 février 1991. Ainsi, Bobby Holcomb trouve son dernier repos au pied de la majestueuse montagne sacrée Mou’a Tapu, à Huahine, laissant derrière lui un héritage culturel et artistique inestimable pour la Polynésie française.

Chronologie de la vie de Bobby Holcomb :

  • 25 septembre 1947 : Naissance de Robert Holcomb Jr. à Honolulu, Hawaï.

  • Années de jeunesse : Bobby grandit chez ses grands-parents maternels à Hilo sur l’île d’Hawaï après la séparation de sa mère.

  • À l’âge de 11 ans : Sa mère le confie à une famille d’accueil en Californie. Il étudie à l’American School of Dance de Los Angeles.

  • Fin de l’année 1966 : Bobby s’installe à San Francisco.

  • 1969 : Il rencontre Simon Henderson et part en Europe, où il se fait officiellement appeler Stanley Clark Kindred pour échapper à la police américaine.

  • 1974 : Bobby rencontre Kim Dios, surnommée Kimi, à Íos. Ils partent ensemble pour un voyage en Turquie, Iran, Afghanistan et Inde en septembre.

  • Février 1976 : Bobby, Kimi et Simon prennent le bateau à Gênes à destination de la Polynésie française.

  • 1976 : Bobby arrive à Tahiti et décide de s’installer dans le village de Maeva à Huahine.

  • Bobby s’engage dans le mouvement de renaissance culturelle du peuple Maohi en rejoignant le groupe “pupu Arioi” composé d’intellectuels polynésiens inspirés par le mouvement de 68.

  • Bobby est élu “homme de l’année 1988” en Polynésie française en reconnaissance de son engagement culturel.

  • Fin de l’année 1990 : Bobby souffre de douleurs à la nuque et se rend à Papeete pour consulter un médecin, où il est diagnostiqué avec un cancer des vertèbres incurable.

  • 15 février 1991 : Bobby décède au dispensaire de Fare, à Huahine.

  • Il est inhumé au pied de la montagne sacrée Mou’a Tapu, à Huahine.

Hommages posthumes

En 2010, la Bobby Holcomb Foundation voit le jour, perpétuant ainsi l’héritage culturel et artistique du regretté Bobby Holcomb. Cette fondation se consacre à préserver et à promouvoir les talents artistiques et l’engagement culturel de Bobby au sein de la Polynésie française.

L’Office des postes et télécommunications de Polynésie française, conscient de l’importance de Bobby Holcomb dans l’histoire culturelle du territoire, lui rend un vibrant hommage à travers plusieurs émissions spéciales. Le 15 décembre 2011, un timbre ainsi qu’une enveloppe intitulée “Ta’aroa” sont émis, accompagnés d’une télécarte nommée “La légende de Hotu Hiva”. De plus, des prêts à poster signés Bobby Holcomb, tels que “Te he’era’a o te peu tumu” en 1979 et “Te heiva api” en 1990, sont également mis à la disposition du public.

En 2021, l’artiste polynésien Evrard Chaussoy, soutenu par son ami Heiarii Girard, réalise une imposante statue de bronze en l’honneur de Bobby Holcomb. Cette statue, mesurant trois mètres cinquante de haut, capture l’essence même de l’artiste et constitue une œuvre d’art significative qui pérennise son impact durable sur la culture polynésienne. Ce monument représente une marque indélébile de l’admiration et du respect que la Polynésie française voue à Bobby Holcomb.

La statue de Bobby en bronze par l'artiste Evrard Chaussoy
La statue de Bobby en bronze par l'artiste Evrard Chaussoy

La statue de Bobby en bronze par l’artiste Evrard Chaussoy
Par Evrard Chaussoy — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=118163924

En savoir plus sur Bobby Holcomb sur Wikipédia

Écouter la musique de Bobby Holcomb

Le succès musical de Bobby Holcomb trouve ses racines dans sa capacité à fusionner la musique reggae avec les mélodies tahitiennes, tout en s’exprimant en langues polynésiennes. Cependant, ce qui a véritablement distingué Bobby, c’est sa capacité à transmettre des messages profonds à travers sa musique. Ses chansons abordaient des thèmes tels que l’environnement, l’amour du prochain, le savoir-être mā’ohi (le mode de vie traditionnel polynésien) et le respect envers les dieux originels. En utilisant sa musique comme un moyen de sensibiliser et d’éduquer, Bobby Holcomb a contribué à façonner la conscience culturelle et sociale de la Polynésie française, laissant un héritage musical et spirituel durable.

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