Hommage à Bobby Holcomb : La Pē’ue Party à Outouaraea pour faire (re)vivre l’âme de l’artisteTemps de lecture 6 min

Dress code : full local

Hommage à Bobby Holcomb : La Pē’ue Party à Outouaraea pour faire (re)vivre l’âme de l'artiste

À Faa’a, l’esplanade Outouaraea est déterminée à promouvoir la culture locale et organise régulièrement des événements à cette fin. Le concert dédié à Bobby Holcomb, prévu ce samedi, en plus d’être un hommage à l’artiste, s’annonce comme un événement majeur qui mettra en lumière ce site culturel.

 

Pascal Siao Chin, gestionnaire du site touristique et culturel Outouaraea à Faa’a, et Bruno Demougeot ont collaboré étroitement pour créer un événement de grande envergure : un concert dédié à Bobby Holcomb. “Notre objectif est vraiment de faire vivre l’âme de ce grand artiste”, insiste le gestionnaire, qui coordonne les opérations générales. Il envisage déjà un rendez-vous annuel en l’honneur de Bobby.

Bobby Holcomb, né en 1947 à Honolulu et décédé en 1991 à Huahine, est simplement appelé Bobby. Après avoir voyagé en Amérique, en Europe, en Turquie, en Iran, en Afghanistan et en Inde, Bobby a finalement posé ses valises en Polynésie en 1976. Artiste aux multiples talents, il a contribué, par ses chansons, sa musique et sa peinture, au renouveau culturel polynésien. Doué pour la danse, la peinture, le chant et la composition musicale, il s’est engagé dans la renaissance culturelle au sein du groupe Pupu ‘arioi, inspiré par le mouvement de 1968. Ce mouvement de renouveau culturel a été porté par des personnalités telles que Henri Hiro, Rigobert Temanupaiura, John Mairai, Coco Hotahota, Vaihere et Heipua Bordes, chacun excellant dans son domaine respectif : théâtre, poésie, médecine traditionnelle, danse, peinture, chant, etc. “Bobby Holcomb a aimé la Polynésie, sa terre, son histoire, ses légendes, les Polynésiens… Aujourd’hui, tout le monde connaît au moins une de ses chansons.”

C’est Bruno Demougeot, chargé de la coordination artistique du spectacle à venir et de la gestion du site, qui s’occupe de l’aspect musical. Il est musicien, professeur de piano au Conservatoire artistique de la Polynésie française, coach vocal, producteur et compositeur. Il rappelle que le spectacle dédié à Bobby Holcomb avait eu une première vie lors des concerts Tu’iro’o en avril 2021, “en plein épisode Covid”. Il n’avait donc pas reçu l’attention qu’il méritait. “Nous sommes ravis de pouvoir le reprendre.”

Sur scène, le guitariste Roger Tetuanui, le batteur Joseph Lai, le bassiste Dany Teriihoania et Marc Chan aux claviers accompagneront un groupe de chanteuses et de chanteurs, parmi lesquels Reva Juventin, Guillaume Materere, Natihei, Teiva LC, Raumata et Taloo St Val. Bruno Demougeot sera présent en tant que chef d’orchestre. Ils interpréteront à leur manière les tubes de Bobby Holcomb, en solo, en duo ou en trio. “Les chanteuses et les chanteurs ont choisi les titres qu’ils affectionnaient le plus”, précise Bruno Demougeot. Originaire de Huahine, il entretient un lien particulier avec Bobby. “Quand j’étais petit, j’écoutais ses chansons, je regardais ses clips, je le voyais passer de temps en temps à vélo. Sa musique me parle. Il a influencé et continue d’influencer les artistes en Polynésie. C’est quelqu’un qui compte.” Il a apporté avec lui “sa musique d’ailleurs” qu’il a su intégrer dans le contexte local. “Il a réussi à faire évoluer la musique d’ici. C’est toujours très intéressant de jouer ses morceaux.” Le public, quant à lui, ne se lasse pas de les entendre.

Infos pratiques

Le samedi 26 août au village de Outouaraea (ancien site du Flamboyant). À partir de 18 heures.
Dress code : full local.
Tarif : 2 500 Fcfp, buvette sur place.

Propos recueillis par Tahiti Infos

La statue de Bobby en bronze par l'artiste Evrard Chaussoy

Bobby Holcomb : L’Artiste aux Multiples Talents et à l’Engagement Culturel

Les années 1970 et 1980 ont vu émerger une personnalité exceptionnelle de la musique et de la peinture, en la personne de Bobby Holcomb. Doté d’un talent extraordinaire pour la danse, la peinture, le chant et la composition musicale, cet artiste s’est exprimé avec une puissance égale dans chacun de ces domaines.

Il a évolué aux États-Unis aux côtés de Frank Zappa, en Europe aux côtés de Salvador Dalí, et a participé à des groupes pop français tels que Zig Zag Community et Johane of Arch, qu’il a cofondés avec des musiciens tels que Sylvain Duplant (Alice), Jean-Pierre Auffredo (Alice) et Éric Estève.

Cependant, Bobby Holcomb a trouvé son véritable foyer en Polynésie française. Il est arrivé à Tahiti en 1976 et a rapidement choisi de s’installer dans le village de Maeva à Huahine. C’est là qu’il s’est profondément investi dans le renouveau culturel du peuple Maohi au sein du groupe “pupu Arioi”. Ce groupe de troubadours et d’intellectuels polynésiens était inspiré par le mouvement de Mai 68.

Ce mouvement de renaissance culturelle était composé de personnalités telles que Henri Hiro, Rigobert Temanupaiura, John Mairai, Coco Hotahota, Vaihere et Heipua Bordes. Chacun dans son domaine culturel, que ce soit le théâtre, la poésie, la médecine traditionnelle, l’art de la danse, la peinture ou le chant, s’est engagé à redonner fierté et identité au peuple Maohi. Ce mouvement identitaire a été une révolution culturelle, dénonçant la colonisation française, les essais nucléaires, l’évangélisation, tout en valorisant l’identité Ma’ohi, sa langue, son savoir-faire, son agriculture et sa spiritualité, entre autres.

Bobby Holcomb a été élu “homme de l’année 1988”, marquant ainsi sa contribution exceptionnelle à la culture polynésienne. Son héritage artistique et son engagement culturel continuent d’influencer et d’inspirer les générations futures en Polynésie française.

En savoir plus sur Bobby Holcomb

Écouter la musique de Bobby Holcomb

Le succès musical de Bobby Holcomb trouve ses racines dans sa capacité à fusionner la musique reggae avec les mélodies tahitiennes, tout en s’exprimant en langues polynésiennes. Cependant, ce qui a véritablement distingué Bobby, c’est sa capacité à transmettre des messages profonds à travers sa musique. Ses chansons abordaient des thèmes tels que l’environnement, l’amour du prochain, le savoir-être mā’ohi (le mode de vie traditionnel polynésien) et le respect envers les dieux originels. En utilisant sa musique comme un moyen de sensibiliser et d’éduquer, Bobby Holcomb a contribué à façonner la conscience culturelle et sociale de la Polynésie française, laissant un héritage musical et spirituel durable.

Écouter nos playlists de musiques polynésiennes

Zoom sur Outouaraea, un site en pleine évolution

En 2021, la société Pacific Cultural Event a remporté la gestion du site culturel et touristique d’Outouaraea après avoir répondu à un appel d’offres. Classé site protégé depuis 1952, il était principalement connu pour son flamboyant, renversé par un violent coup de vent en 2014. En 2015, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la commune de Faa’a, deux sculptures en forme de mains ont été érigées sur le site. Créées en 1990 par un sculpteur pascuan, elles font référence à la légende de Faa’a, “Tefana i te rima vea vea” [Tefana aux mains brûlantes]. Pascal Siao Chin, le gestionnaire, souhaite ramener le site à ses racines en en faisant un lieu de joie simple, de partage, de solidarité, et un repère pour les jeunes. Tout au long de l’année, divers spectacles et concours sont programmés, allant de la danse du feu à la musique ‘ukulele, en passant par l’art de l’oratoire (‘ōrero) et la danse traditionnelle. De plus, l’objectif est de rassembler les cinq archipels de la Polynésie et d’ouvrir les portes à ses voisins du Pacifique, faisant d’Outouaraea un lieu de rencontre pour la région. Le gestionnaire est déterminé à concrétiser ces ambitieux projets.

Le site peut accueillir jusqu’à 1 000 personnes lors d’événements et est ouvert tous les jours de 7 heures à 19 heures.

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